Comment on fait les enfants ?, ou comment Pein faillit mourir
Une des questions récurrente lors des conversations à propos du si bien nommé Pein, Chef officiel de l'Akatsuki, était : « Cet enfoiré peut-il mourir ? ».
Pour beaucoup, la réponse était non. Bien sûr, il aurait déjà fallu qu'il ait une âme -ceux-là n'étaient pas au courant de sa passion sulfureuse pour sa si jolie coéquipière.
D'autres, au contraire, pensaient qu'il était tout ce qu'il y avait de plus mortel -dans les deux sens, passif et actif, du terme- et qu'il était tout à fait possible qu'il décède. Un jour.
Assassiné par un de ses -très nombreux- ennemis, ou tout simplement tué par l'ennui, voir la vieillesse s'il parvenait à survivre suffisamment longtemps.
Et puis, il y avait ceux qui espéraient plus qu'ils ne croyaient que cet homme était comme tout le monde et qu'il avait sûrement vu la Mort de près -peut-être même qu'elle lui avait signé un autographe, qui sait ?-, en clair, qu'il était parfaitement possible de lui ôter la vie proprement et en douceur.
Ces éternels optimistes, véritables fléaux nationaux, étaient, bien que raillés et dénigrés de tous, les plus proches de la vérité.
Oui, il avait déjà failli mourir. Et oui, il possédait un t-shirt signé par la Faucheuse. Un vrai, disait-il, qu'il avait gagné au poker -il avait une suite royale, Elle un carré d'as. Mais, tous ses subalternes auraient pu le dire, c'était en vérité un cadeau de Konan, et elle l'avait brodé elle-même -avec la très majoritaire et utile collaboration de Kakuzu, qui était la référence de l'Organisation en matière de couture.
Comme quoi, il ne faut jamais délaisser une conviction, sous la futile raison que la majorité n'est pas d'accord.
Mais, retournons à nos moutons -ou, plus exactement, allons-y...
Étrangement, le jour où Pein frôla la mort coïncida, par un heureux hasard, avec celui où on expliqua à Tobi toutes ces gênantes particularités humaines que l'on nomme pudiquement « les Choses de la Vie ».
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C'était une pâle mâtinée de printemps. Le Ciel, clair, azuré, vide de tous nuages -et de tous oiseaux d'argile-, laissait présager une calme et belle journée. Un peu fraîche, peut-être...
Fait atypique, l'Akatsuki toute entière était déjà levée, malgré l'heure matinale. Plus encore, ses membres vaquaient déjà à leurs occupations, tranquillement et sans dispute.
Cette situation incroyablement surprenante aurait dû faire comprendre au Leader de la Lune Rouge que, ce jour-là, il allait se passer quelque chose de terrible. De terrible et de terrifiant.
Mais, au lieu de remarquer l'attitude extraordinaire de ses subalternes, il sirotait thé sur thé devant la télévision, absorbé par une émission de télé-achat qui présentait des objets tous plus inutiles les uns que les autres.
Ou, en tout cas, des objets dont il ignorait l'utilité...
Une passoire sans trou ? Allons-bon... Comment voulez-vous tuer quelqu'un avec ce minable morceau de plastique ?
Un peu plus loin, Itachi testait ses formidables aptitudes intellectuelles sur un quizz qu'il avait trouvé dans un des magazines empruntés à Konan.
Cette dernière s'était isolée, à l'extérieur du repère, près d'un lac, afin de méditer en paix.
Kisame jouait avec son poisson rouge -c'était le treizième depuis le début du mois...- et Sasori frottait frénétiquement un bras articulé avec un chiffon dont l'odeur suspecte laissée deviner qu'il l'avait imbibée de quelque substance morbide. Comme du cirage.
Hidan priait. Pour changer...
Kakuzu comptait et recomptait son argent, faisant tinter ses pièces et bruisser ses billets, comme pour s'assurer de leur réalité matérielle.
Quant à Deidara, il avait été désigné volontaire pour s'occuper de l'entraînement intensif de Tobi.
Tâche qui l'exécrait au plus haut point. Ce qui était parfaitement compréhensible, quand on savait que cet abruti fini était capable de se frapper lui-même.
Par ailleurs, après s'être arraché une impressionnante poignée de cheveux, au terme de quinze minutes effarantes passées à tenter d'expliquer à l'homme masqué la raison pour laquelle il avait tenté de le tuer, alors que Tobi était un gentil garçon, l'artiste baissa définitivement les bras, alla s'asseoir en tailleurs dans un coin, croisa les bras, et ne bougea plus.
Sans doute ruminait-il son sort, infligé par ce ridicule -et trop court- brin d'herbe, instrument du destin, qui, dans des circonstances normales, aurait du échoir à l'Uchiwa. Ce type était victime d'une malchance chronique et tenace, ce qui, en général, le désignait d'office pour toutes les petites sauteries insupportables de ce genre...
Malheureusement pour Deidara, le Ciel semblait avoir une dent contre les blonds, au moment fatidique où il ne lui aurait fallu qu'un peu de chance pour éviter cette épreuve insurmontable...
« Deidara-san ! Tobi est un gentil garçon ! »
L'Akatsuki allait bientôt perdre un de ses membres... L'aspirant-criminel risquait de se retrouver soigneusement déchiqueté par une bombe, qui aurait, de façon fort inopinée, sauté de la main de l'artiste et explosé sans qu'il ne lui demanda.
Cela ne serait, qu'un simple et malheureux concours de circonstance.
« Deidara-san ! Deidara-san ! Deidara-san ? »
Poussant un soupir déprimé, le blond releva la tête et posa sur son disciple un air si triste que même le terrible Itachi Uchiwa aurait été ému.
« Oui ? » Demanda-t-il, d'un ton étonnamment calme et égal.
« Comment on fait les enfants ? »
Dire que le déserteur d'Iwa fut surpris est un euphémisme. En fait, il fut tellement désarçonné par sa question, qu'il devint blême.
Blême de surprise.
Blême d'appréhension, aussi.
Blême quant à la perspective terrifiante de devoir expliquer le long, difficile, complexe et honteux processus de la procréation, à un type qui était incapable de compter jusqu'à dix.
« Euh... » Fut la seule réponse probante qu'il trouva sur le moment.
Puis, il y eut un long moment de silence, pesant, durant lequel Deidara-san cherchait désespérément un moyen de se tirer de cette situation délicate, tandis que Tobi attendait patiemment l'explication, avec cette candeur que l'on trouve souvent chez les enfants en bas-âge.
Deux cent soixante-treize secondes passèrent, avant que le blond n'eût l'illumination.
« Ecoute, tu ferais mieux d'aller demander à Konan, elle en sait beaucoup plus que moi sur ce sujet... » Dit-il, avec un sourire compatissant, quant à l'épreuve qu'il allait faire subir à la pauvre jeune femme.
« Super ! Tobi est un gentil garçon ! »
Puis, l'homme masqué détala comme un lapin, hurlant le nom de la kunoichi d'une voix suraigüe.
« Kami-sama... Qu'est-ce que j'ai fait ? » murmura le déserteur, resté seul.
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Le doux bruissement des feuilles, agitées par le vent.
Le souffle chaud de la bise printanière.
Le murmure clapotant du ruisseau.
Le joyeux gazouillement des oiseaux.
Le Soleil matinale, enfin, qui réchauffait paisiblement la Forêt à peine éveillée de ses rayons encore humide de la rosée de l'Aube.
Pouvait-on espéré un cadre plus tranquille, plus idyllique pour méditer en paix ?
Un autre Lieu, aussi beau, aussi agréable, aussi poétiquement chaleureux.
Un Endroit où elle n'aurait pas à supporter les hurlements hystériques des gamins turbulents qui servaient de membres à la prestigieuse organisation de la Lune Rouge.
Si jamais le comportement infantile et passablement insupportable de ces criminels venaient à s'apprendre, la réputation de l'Akatsuki prendrait un sacré coup...
Elle perdrait aussi une grande partie de sa crédibilité...
« KOOOONNNNNAAAANNNN-SAAN ! »
Le beuglement rompit le calme de la chimérique utopie qu'elle pensait avoir trouvé.
« KONAAANN-SAAAN ! »
C'était une voix d'homme, incontestablement. Bien que trop hautes de plusieurs octaves pour rendre honneur à cette virilité qui était si précieuse à la gent masculine.
Bon... C'était un des manchots de l'Organisation, pas de doute là-dessus... Un qui n'avait pas peur du ridicule. Un qui ne semblait pas avoir peur d'elle non plus, à en juger par le manque de discernement flagrant de celui qui la cherchait -quel Être normalement constitué viendrait l'importuner de la sorte, alors même qu'elle avait précisé qu'elle souhaitait être seule.
Tobi ?
Un homme vêtu de noir, masqué, gesticulant, déboula dans la clairière en braillant des sons inarticulés, qu'elle supposait être des apostrophes à son intention.
Gagné !
Comme elle aurait souhaité se tromper... Tobi, non content d'être bien plus insupportable que tous les autres membres de l'Akatsuki réunis, était, de plus, doté d'une capacité mentale proche du néant et d'un caractère plus collant qu'un wagon de glu instantanée.
« Konan-san ! » S'exclama-t-il lorsqu'il l'a vit. « Tobi est heureux ! Et Tobi est un gentil garçon ! »
Ah oui, elle oubliait : Purée, qu'est-ce qu'il pouvait être chiant à parler de lui à la troisième personne ! Même Itachi, pourtant affublé d'un ego et d'un complexe de supériorité largement au-dessus de la moyenne -ils dépassaient même ceux de Pein, c'était dire !- ne s'abaissait pas à faire ça.
« Tobi a une question ! Tobi a une question ! Dis, dis, dis ? Tu veux bien m'explique ? »
« Euh... Tobi... Si tu veux que je te réponde, ça serait mieux que tu pose ta question avant... »
« Tobi est un gentil garçon ! Tobi veut savoir, comment on fait les enfants ? »
La réaction de la jeune femme fut un rien surprenante.
Elle demeura tout d'abord interdite, figée dans une attitude indifférente, avant de fermer les paupières avec lassitude.
Elle aurait dû si attendre. Ça devait arriver un jour ou l'autre.
A choisir, elle aurait bien sûr préféré « l'autre », mais les arrêts du Ciel étaient clair et elle était forcée de le faire ce jour-là.
Paix ait son Âme.
Avec un soupir à fendre ladite Âme, elle entreprit la périlleuse et dure Tâche, fardeau indicible, Châtiment fatale pour tous les péchés qu'elle avait commis, et tous ceux qu'elle commettrait jusqu'à sa Mort prochaine...
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« Cela implique tout d'abord que l'homme et la femme aient des rapports sexuels... »
« Pourquoi il faut un homme et une femme ? »
« Parce que. »
« ça marche si ceux sont deux hommes ou deux femmes ? »
« Non. Enfin, tu veux dire... tous les quatre ensembles ? »
« On peut être plus de deux .? »
...
« ça veut dire quoi, 'éjaculer' ? »
« Tu comprendras quand tu auras des rapports sexuels. »
« Konan-san, tu peux montrer à Tobi ? »
« Montrer ? Comment ? »
« En vrai ? »
« Non. »
...
« Et le cinquième membre de la femme, c'est quoi ? »
« La femme n'a que quatre membres ? »
« Ah bon ? On lui a coupé le cinquième ? »
...
« Et si la femme n'est pas d'accord, ça ne fonctionne pas ? »
« Si, mais, là, ça s'appellera un viol. »
« Un viol, ce n'est pas une forme de rapport sexuel ? »
« Euh... Si... Mais... »
...
« Et toi, Konan-san, tu as déjà eu des rapports sexuels ? »
« Ce n'est pas une question à poser, Tobi. »
« C'est juste pour savoir si tu as de l'expérience en la matière, Konan-san... »
« Et ça, ce n'est pas une réflexion à faire... »
« Et Itachi-san, tu crois qu'il a déjà eu des rapports sexuels ? »
« Avec son miroir ? J'en doute... »
« On peut avoir des rapports sexuels avec un miroir ? »
...
« Kooonan-san... Pourquoi tu ne veux pas me dire si tu as déjà eu des rapports sexuels ? »
« Parce que c'est gênant. »
« Pourquoi c'est gênant ? »
« Parce que... Euh... Parce que c'est gênant. »
« Pourquoi ? »
...
« Tu as déjà eu combien de fois des rapports sexuels dans ta vie ? »
« Euh... Je n'ai pas compté... »
« Tu as déjà eu des rapports sexuels avec Pein-sama ? »
« Non. »
« Tu voudrais en avoir avec lui ? »
« Tu ne veux pas poser d'autres questions ? »
...
« Pourquoi tout le monde aime avoir des rapports sexuels ? »
« Parce que c'est agréable. »
« Toi aussi, tu aime bien ?
« Trouve une autre question. »
« Tu pense que ça serait aussi agréable avec Pein-sama ? »
« Change de question, ou je t'arrache l'oeil qu'il te reste. »
« ça veut dire quoi, 'masturber' ? »
Ce furent, comme on dit, les mots de trop, la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
La coupe était pleine.
Il était temps pour elle qu'elle délègue la lourde responsabilité de l'éducation sexuelle de Tobi à une autre personne, sinon, il allait arriver un grand malheur.
Soit elle se suicidait, auquel cas ça serait une véritable calamité pour l'Akatsuki. Ou elle massacrait l'homme masqué, ce qui serait sans aucun doute accueilli avec des hurlements de joie par les autres.
Bien que la dernière possibilité lui parut très attrayante, elle décida de choisir la troisième option.
« Va demander à Pein, il sera absolument ravi de t'éclairer. » Déclara-t-elle, avec un sourire sadique et soulagé à la fois.
« Tobi est un gentil garçon ! »
Et Tobi s'en alla comme il était venu, au détail près qu'il criait un autre nom.
« Mais quel boulet... »
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Une corbeille à papier rose fuchsia avec des oreilles de lapin pour trois cent soixante-dix yen seulement... Je me demande si je vais la prendre... Avec l'ourse en peluche sans jambe et la tasse à café en carton, ça ferait huit cent trente deux yen... Kakuzu va encore faire une dépression... Oh, tant pis pour lui ! C'est moi le Chef, c'est moi qui commande ! Moi, moi, moi !
Pein, d'un mouvement de doigt fatidique appuya sur la touche « commandé » de la télécommande, avec la très nette, mais fallacieuse, impression d'avoir fait l'affaire du siècle.
Soudain, le prenant au dépourvu et le coupant dans son élan alors qu'il allait éclater d'un rire sombrement machiavélique, Tobi se jeta dans le canapé, trépignant d'excitation, haletant comme s'il venait de traverser la Forêt en courant d'une traite pour se vautrer à ses côtés.
Il fixait sur lui son oeil unique et dépourvu de la moindre lueur d'intelligence.
Ce qui, cela peut paraître étrange, est extrêmement flippant, lorsque vous ne savez pas ce qu'il veut...
« Quoi ? » Aboya le sinistre Leader de l'Akatsuki, en fronçant les sourcils d'un air réprobateur.
Puis, sans attendre la réponse, il porta sa tasse à sa bouche, et sirota une gorgée du thé au jasmin -son préféré, après celui au gingembre qu'il appréciait tout particulièrement pour son caractère aphrodisiaque- qu'elle contenait.
« ça veut dire quoi, 'masturber' ? »
Les choses auraient pu très bien tourner.
Il aurait pu tout simplement recracher le liquide brûlant au masque de celui qui lui faisait face.
Il aurait pu.
Il ne l'a pas fait...
Oubliant le thé, il tenta d'avaler sa salive afin d'humidifier sa gorge qui s'était asséchée sous le coup de la surprise.
La salive passa très bien.
Le thé beaucoup moins.
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Fini! :p[center][b]